Face aux enjeux d’un monde traversant une crise structurelle sans précédent, mettre en place les modalités d’un développement à la fois performant sur le plan économique, responsable sur le plan social et environnemental, est un défi qui se doit d’être relevé.
Le développement durable « doit » autoriser l’instauration d’un juste équilibre entre des aspirations sociales et un développement économique qui satisfait les besoins de chaque génération, sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs.
Or malgré la multitude des approches en la matière et la diversité de leurs fondements, tout le monde semble s’accorder sur le fait que le « développement durable » correspond aujourd’hui à la recherche d’un nouvel équilibre, se situant à l’intersection de trois axes fondamentaux :
• Un axe économique, qui se traduit par une responsabilité vis-à-vis des actionnaires, des salariés et de l’Etat,
• Un axe social, qui indique que chacun doit être traité avec équité,
• Et un axe environnemental, qui spécifie que la société doit protéger ces ressources.
Ce manque d’équité devant la considération de ces trois principes, montre les dysfonctionnements et les excès de notre modèle d’aujourd’hui.
Vers une économie responsable :
L’entreprise se voit confrontée à des pressions de plus en plus fortes que se soit de la part des actionnaires, des salariés, des consommateurs, et par le cadre réglementaire. Jusqu’ici les enjeux se formulaient uniquement en termes de compétitivité, de rentabilité au détriment souvent de la transparence, de la prévention des risques et d’une réputation exemplaire dans la vie de la cité.
La première définition de « L’entreprise » qui peu nous venir à l’esprit, est simplement comme une entité organisée, ayant pour objet de produire des biens et services économiques. Sauf qu’aujourd’hui cette simple définition est obsolète et le développement durable doit être moteur pour un « retour à la morale et une responsabilisation de l’économie».
En intégrant ces objectifs de responsabilisation, le management et l’organisation du travail deviennent à la fois plus complexes et plus importants. Ils apparaissent comme les leviers de la performance basée sur l’engagement humain.
Il faut en effet dépasser l’approche traditionnelle de l’économie, qui s’intéresse trop exclusivement aux « relations des hommes aux choses » pour en revenir « aux relations entre les hommes ».
Parallèlement, il est impératif d’avoir une éthique capable d’entraver les pouvoirs, que nous possédons (des pouvoir aux potentialités parfois dévastatrices) et d’imposer cette notion de responsabilité.
L’optimisation du management, un gage de performances :
Il apparaît clairement que cette nouvelle logique de développement, représente une formidable opportunité pour de nouvelles voies d’innovations et pas seulement environnementales. On constate que dans l’axe social, des notions comme par exemple la prise en considération des risques psychosociaux, sont de plus en plus abordées.
En effet le thème de la santé au travail a rarement été la préoccupation majeure dans l’actualité sociale, or elle est surement le levier le plus puissant dans l’obtention de résultats. C’est bien dans le travail, et en priorité dans ses dysfonctionnements, que ces risques psychosociaux trouvent leur source : surcharge de travail, manque de reconnaissance, relations tendues, soutien de l’encadrement insuffisant, exigence de résultats démesurée… Le management par la pression du résultat est devenu symptomatique de la société d’aujourd’hui. Il a un coût pour l’Homme: un stress permanent. D’un côté, on détruit l’Homme et de l’autre on recourt à des stages pour gérer son stress, pour apprendre à se relaxer… avec des résultats qui ne peuvent être que ceux d’actions portant sur les conséquences et non sur les causes.
La montée du malaise au travail, n’est pas une affaire de mode. C’est une réalité qui correspond à une transformation profonde du travail, de ces conditions et de son environnement. Nous devons tenir compte de ces transformations pour optimiser notre façon de manager. Si nous poursuivons sur les méthodes actuelles on verra apparaître une contradiction de plus en plus forte, entre les besoins de l’entreprise dont les exigences s’accroissent et ceux des individus en demande de reconnaissance, et d’autonomie. Ce sentiment de «mal faire son travail», de ne plus parvenir à un « travail de qualité », progressera encore plus, et cela engendrera pour l’entreprise une perte d’efficacité considérable liées à l’absentéisme, au turn-over, à des conflits, sources de baisse de production, de moindre qualité, de tensions entre salariés ou avec les clients…
En s’appuyant sur le management et l’organisation du travail, les salariés vivront autrement leur quotidien professionnel, l’entreprise peut progresser en terme de performance d’autant plus que les salariés motivés parce qu’ils font et de ce fait en meilleure santé.
L’axe social, dans le « Développement Durable », est prépondérant dans l’atteinte des objectifs qui lui seront fixé. Il est important de constater que la reconsidération de nos méthodes de management et d’organisation de travail va agir sur l’amélioration des performances mais également sur la santé. Ces améliorations sont étroitement liées et en raison de la performance qu’elles induisent.
La protection de nos ressources, une notion indispensable aujourd’hui :
On assiste de plus en plus à l’émergence d’une notion réactualisée, celle de la responsabilité environnementale des entreprises.
Compte tenu de la situation actuelle et des relations entre l’Homme et son environnement, les capacités scientifiques et techniques donnent à l’humanité les moyens d’influer durablement sur l’ensemble de la planète, et sur les conditions de la vie sur terre. Cela se traduit aujourd’hui par des effets néfastes (changement climatique, contamination de l’air et de l’eau, diminution de la biodiversité…). Mais ces évolutions n’ont rien d’inéluctable, et dépendent de nos choix de vie et de notre sens de la responsabilité vis-à-vis de nos enfants. Le concept de développement doit assurer une gestion pérenne des ressources naturelles et la protection de l’environnement afin de traduire notre responsabilité envers les générations futures.
Il est important que les entreprises perçoivent de mieux en mieux les attentes émergentes, car cet engagement responsable est porteur de bien des vertus. Si à court terme cela peut ne pas être rentable, à long terme il permet, d’améliorer cette même performance financière, par la réduction des coûts liée à une meilleure utilisation des matières premières et de l’énergie, mais également d’augmenter ces ventes, car les clients sont plus fidèles envers une organisation qui dispose de cette image d’entreprise.
Il devient plus aisé d’attirer et de conserver les compétences humaines nécessaires à l’activité et a la progression de l’entreprise. Elle dispose d’avantages sur le plan concurrentiel parce qu’elle développe des connaissances de durabilité, et cette innovation est perturbante pour les concurrents.
Si on voulait résumer cette approche, on pourrait dire que le principal reproche fait au développement durable était de ne pas toujours être rentable à court terme. Grâce à cette nouvelle approche de la composante sociale, visant à optimiser le management et l’organisation du travail pour améliorer la santé des salariés, on obtient de la performance à court terme, performance qui apporte à la vision antérieure du développement durable la rentabilité qui lui manquait à court terme.