Catégories Entrepreneuriat

Estimer les dotations aux amortissements prévisionnelles de son entreprise


prévision de la dotation aux amortissements

L’établissement d’un prévisionnel financier est nécessaire pour un projet de création, de reprise ou encore de développement d’une entreprise. L’une des charges à estimer dans ce prévisionnel est la dotation aux amortissements, un élément du compte de résultat prévisionnel.

La dotation aux amortissements constitue la valeur en somme d’argent que représente la dépréciation d’une immobilisation, élément constitutif du passif du bilan comptable, au fait de l’usure de temps. La dotation aux amortissements correspond à des charges non décaissables mais qui doivent être inscrites dans la comptabilité de l’entreprise au titre de l’année d’exercice afin que le porteur de projet puisse faire une estimation de ses prévisionnels financiers. Les écritures comptables et le détail de l’amortissement doivent être porté dans le bilan avec les comptes en plus des libellés et le montant correspondant à chaque immobilisation.

Cet article vous aidera à comprendre les étapes à suivre pour budgétiser les dotations aux amortissements prévisionnels des immobilisations, nécessaires pour l’élaboration du business plan de votre projet.

Étape 1 : le recensement de vos principaux investissements

Le démarrage d’un projet requiert un certain nombre d’investissements, qui varient en fonction du secteur d’activité de l’entreprise. Dans cette notion, il faut savoir différencier investissements et charges, car les deux constituent une sortie d’argent pour l’entreprise, mais sont de natures différentes.

Une charge est liée à une dépense consommée de façon immédiate relative au processus de commercialisation ou de production de l’entreprise, par exemple l’achat de marchandises ou encore les emballages non récupérables.

Une immobilisation, par contre, est une acquisition de biens que l’entreprise a l’intention d’utiliser à moyen ou long terme pour son exploitation. Nous pouvons citer comme exemples les emballages récupérables identifiables, les matériels de transport ou encore les immeubles.

Les immobilisations peuvent être regroupées en trois catégories :

  • Les immobilisations incorporelles, comme les frais de recherches et développements, les logiciels, les marques, brevets et licences, etc.
  • Les immobilisations corporelles, les terrains, les équipements et outillages, les mobiliers, les véhicules, etc.
  • Les immobilisations financières, comme les titres de participation, titres immobilisés, ou encore les dépôts de cautionnements.

Étape 2 : la distinction des immobilisations amortissables et non amortissables

Il faut savoir que les immobilisations que vous aurez acquises ne sont pas toutes amortissables. C’est pourquoi distinguer une immobilisation amortissable d’une immobilisation non amortissable est une étape importante.

Principalement, les immobilisations suivantes ne font pas l’objet de provisions pour les dotations aux amortissements :

  • Les droits de bail
  • Les fonds de commerce
  • Les immobilisations financières
  • Les terrains

Cependant, même les immobilisations non amortissables peuvent être touchées par une dépréciation à constater le cas échéant.

Il est également à noter que les immobilisations dont les valeurs d’acquisitions sont relativement faibles (inférieures à 500 euros) et qui remplissent les conditions nécessaires constitueront des charges et non des investissements. Elles seront alors des éléments du compte de résultat prévisionnel et non du bilan.

Étape 3 : l’identification de la durée d’utilisation des immobilisations amortissables

Une immobilisation amortissable ne peut pas être utilisée éternellement par l’entreprise. En effet, l’usage des immobilisations, les innovations techniques et technologiques entraînent une dépréciation de leurs valeurs. C’est cette situation qui fait naître la notion de durée d’utilisation des immobilisations, durée pour laquelle l’immobilisation sera amortie.

Il incombe au porteur de faire une estimation de cette durée d’utilisation pour chacune de ses immobilisations. Mais pour l’aider, l’administration fiscale a déjà mis en place des durées d’amortissements standards :

Types d’immobilisations Durée d’utilité
Matériels De 6 à 10 ans
Matériels de transport De 4 à 5 ans
Outillage De 5 à 10 ans
Matériels informatiques 3 ans
Mobiliers 10 ans
Logiciels 3 ans
Brevets 5 ans

Étape 4 : le calcul des amortissements pour dépréciation

Les amortissements sont à calculer pour chaque immobilisation que vous envisagez d’acquérir et pour chaque fin d’exercice comptable du prévisionnel financier. Pour vous faciliter la tâche, vous pouvez utiliser un tableur comme Excel pour faire le calcul de tous vos amortissements.

Le calcul des amortissements nécessite la détermination du mois et de l’année d’acquisition. Un prorata doit être appliqué si l’acquisition se fait en cours d’année, cela dans le but de neutraliser la période pendant laquelle le bien n’a pas encore été détenu par l’entreprise.

Il existe plusieurs méthodes de calcul des amortissements :

  • L’amortissement linéaire
  • L’amortissement dégressif
  • L’amortissement variable

Mais il est recommandé de retenir la méthode de l’amortissement linéaire, qui est la méthode jugée plus justifiée économiquement, en plus d’être la plus simple. Cet amortissement consiste à répartir la dépréciation par fractions égales tout au long de la durée d’utilité prévue.

La formule de l’amortissement linéaire est la suivante :

Dotations aux amortissements = valeur d’acquisition (HT) * (1/durée d’utilité)

Après le calcul des amortissements, vous devez également établir le plan d’amortissement pour chaque immobilisation. Dans ce plan, vous allez faire apparaître :

  • Le cumul des amortissements, qui correspond à la somme des amortissements constatés sur un bien depuis son utilisation
  • La VNC ou valeur nette comptable, qui est égale à la valeur d’acquisition du bien diminuée du cumul des amortissements.

Pour illustrer ce que nous venons d’expliquer, prenons un exemple concret.

Un porteur de projet veut créer une entreprise de couture. Il prévoit donc d’acquérir une machine à coudre pour son exploitation pour un prix de 1 000 euros. L’achat est prévu pour le mois d’avril de l’année N, la machine sera utilisée pour une durée de 5 ans.

  • Dotations d’amortissements prévisionnelles en N = 10 000 * (1/5) * (9/12) = 150 euros
  • Dotations d’amortissements prévisionnelles en N+1 = 10 000 * (1/5) = 200 euros
  • Dotations d’amortissements prévisionnelles en N+2 = 10 000 * (1/5) = 200 euros
  • Dotations d’amortissements prévisionnelles en N+3 = 10 000 * (1/5) = 200 euros
  • Dotations d’amortissements prévisionnelles en N+4 = 10 000 * (1/5) = 200 euros
  • Dotations d’amortissements prévisionnelles en N+5 = 10 000 * (1/5) * (3/12) = 50 euros

Étant donné que la machine ne sera acquise qu’à partir du mois d’avril de l’année N, elle ne sera utilisée que pendant 9 mois.

Le plan d’amortissement correspondant est le suivant :

Année Valeur d’acquisition Cumul des amortissements Valeur nette comptable
N 1 000 150 850
N+1 1 000 350 650
N+2 1 000 550 450
N+3 1 000 750 250
N+4 1 000 950 50
N+5 1 000 1000 0

Les autres charges à intégrer dans le prévisionnel financier

L’estimation des charges prévisionnelles est une étape importante pour l’élaboration de business plan, document nécessaire pour la création d’une entreprise.

Outre les dotations aux amortissements prévisionnelles, correspondant à la dépréciation des immobilisations acquises, les éléments suivants sont également à intégrer dans le prévisionnel :

  • La marge prévisionnelle
  • Les charges externes
  • Les rémunérations du personnel, ainsi que les charges sociales
  • Les charges financières
  • Les autres charges
  • Les impôts et taxes

En somme, les dotations aux amortissements correspondent aux provisions constituées par l’entreprise pour comptabiliser la dépréciation de valeur de ses immobilisations, suite à leur usure, les avancées technologiques et techniques du marché. Il constitue un élément du prévisionnel financier.

La détermination des dotations aux amortissements prévisionnels est importante pour l’élaboration du business plan, car elle concerne tant l’établissement du bilan prévisionnel, que le compte de résultat. Pour une praticité du calcul, les amortissements dégressifs et les amortissements variables ne sont pas conseillés, au détriment de l’amortissement linéaire.