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Comment concilier ses temps de vie quand on travaille avec des horaires changeantes ?


Annualisation Temps Travail

C’est sur cette question que j’ai commencé à me pencher pour un client, et que je vous relate ici, inspirée par un article de recherche datant de 2001 : « stratégies de conciliation d’un horaire de travail variable avec des responsabilités familiales », de J.Prévost et Kaen Messing.

Les salariés à horaires fixes sont ainsi passés de 65% des salariés en 1978 à 52% en 1991, et l’on peut imaginer que cela a continué depuis le début des années 2000, avec les « «35 heures » en particulier pour les cadres dont la Réduction du temps de travail s’est concrétisée par une annualisation des horaires de travail.

Ainsi, selon l’enquête de Malakoff Médéric de 2013, 1 personne sur 3 a du mal à concilier vie privée/vie professionnelle, plus particulièrement les cadres (35%), les 30-39 ans souvent jeunes parents (34%), ainsi que les salariés ayant en charge un proche dépendant (44%). Les causes de ces difficultés sont entre autres : la charge de jeunes enfants ou de personnes dépendantes, des horaires changeants, une forte charge de travail, des coups de téléphone et des échanges de mails professionnels sur son temps libre, etc.

Dans ce texte de recherche dont je fais mention, sont soulignés les travaux de Curie, Marquié et Roques, en 1990 selon lesquels les conditions de travail, telles que l’horaire de travail, ont des effets sur l’activité de travail et sur la vie extra-professionnelle : « lorsque Meissner (1971) écrit que le travail a le bras long (long arm of job), il veut signifier que les conditions d’exercice du travail (job) ont non seulement des effets proximaux sur l’activité de travail en tant que telle (work) et sur l’individu en tant que travailleur, mais aussi des effets à court et long terme sur la vie extra-professionnelle de ce travailleur.

 

Ainsi, des répercussions conséquentes ont été relevées dans différentes études, telles que :

  • diminution de la présence en famille, de l’entente dans le couple et de l’autorité paternelle.
  • insuffisance du temps partagé avec le conjoint,
  • sentiment d’être devenu moins heureux en mariage
  • chez les enfants des travailleurs postés, moins de succès à l’école et moins de chances de poursuivre des études avancées.
  • Difficultés chez les femmes en emploi qui ont des responsabilités familiales, à savoir : difficulté de suivi de la scolarité des enfants, difficulté de choix du mode de garde, insuffisance du temps passé en couple et sentiment de culpabilité

Les auteurs se sont intéressés dans cette étude, à des salariés qui n’ont pas d’horaires fixes. L’étude a été conduite au Québec, et en collaboration avec une centrale syndicale, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ ). Elle a été réalisée avec trente téléphonistes provenant de trois détachements d’une centrale téléphonique située à Montréal.

Les chercheurs ont constaté qu’au sein de cette centrale téléphonique dont l’attribution des horaires était en principe rigide, une organisation plus souple se mettait en place, avec beaucoup de jeu et de stratégie, avec une adaptation en juste à temps entre les besoins personnels des salariés et ceux de l’entreprise.

Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart des postes étaient occupés par des femmes qui avaient des problématiques de garde d’enfants. Et que pour y répondre, elles misaient sur l’échange d’horaires et toute une organisation parallèle parce que leur entreprise ne prenait pas en compte leurs besoins.

Au final, une productivité moindre puisque du temps de travail des salariées était passé à réorganiser les horaires.

Comme quoi les horaires changeantes sont sur le papier un moyen de mieux gérer les flux, mais que dans la réalité, cela peut s’avérer contre productif, les conséquences de ces horaires changeantes pesant plus lourd en négatif. Et encore je ne fais pas mention du turn over, des arrêts maladie etc..